З життя
Va vite retrouver ta mère pour qu’elle te trouve une nouvelle épouse qui saura plaire à toute la famille !

— Ça suffit, Émilie !!! Ça suffit !!! – cria Paul à sa femme. – Tu en as marre de toujours parler mal de mes parents ! De mes frères ! De ma sœur ! C’est quoi cette obsession ?!
— Obsession ?! – répondit-elle d’un ton un peu plus calme. – Et eux, ils peuvent s’immiscer dans notre famille sans aucun problème, n’est-ce pas ? Tu leur dis rien, n’est-ce pas ?
— Je ne dis que lorsque je ne peux plus supporter ! Et mes parents ne se comportent pas de cette façon !
— Pas du tout ?! Ils essaient depuis presque un an de venir chez nous, ou de nous soutirer de l’argent, ou…
— Ils n’essaient rien de tel ! Et le fait que Benjamin et Lucas soient venus, c’était pour des affaires en ville ! Tu veux qu’ils prennent un appartement ?
— Imagine, des gens normaux font ça ! Ils prennent un appartement, une chambre d’hôtel, peu importe, mais ils ne débarquent pas à deux grands hommes dans un petit appartement d’une famille étrangère ! On ne vit pas dans un palace avec des chambres d’amis ! On a un studio !
— Oh là là, quelle problème ! Mais oui, pour toi, tout ça c’est un problème, maintenant je comprends ! Tu n’as ni frères ni sœurs, tu as grandi comme un enfant gâté dans ta famille ! Nous, on a toujours appris dès le jeune âge, que si quelqu’un de la famille a besoin d’aide, les autres doivent intervenir, peu importe…
— Peu importe quoi ?! – coupa Émilie son mari. – Peu importe la taille de l’appartement ? Peu importe l’opinion de ma femme ? Peu importe que je ne me suis pas engagée à m’occuper de trois hommes ? Quoi ?!
— Tu recommences encore avec ça ?…
— Tu veux que je parle d’autre chose ? Très bien ! – méchamment sourit-elle. – Quand nous avons rassemblé de l’argent pour l’hypothèque, ta sœur avait besoin d’argent pour chez le dentiste parce qu’elle ne sait pas fermer la bouche et on lui a arraché quatre dents… Que fais-tu ? Exactement ! Tu lui as donné nos économies ! Et ensuite…
— Je n’ai pas tout donné ! Pourquoi tu cries encore à ce sujet ?
— Si tu avais tout donné, alors tu aurais eu besoin des mêmes services qu’elle ! Tu peux me croire !
Paul éclate de rire en entendant cela, bien qu’il soit était encore en colère.
— Et comment aurais-tu fait ? – demanda Paul à Émilie en riant. – Tu aurais demandé à ton père ? Je suis sûr qu’il ferait…
— Pourquoi devrais-je demander à quelqu’un, si j’ai ça ? – elle attrapa une poêle sur la cuisinière et le regarda d’un air menaçant. – Je gèrerais ça seule !
— J’aimerais bien voir ça ! Tu serais la première à lui demander de l’argent, et ensuite tu irais te plaindre ! Si, bien sûr, tu pouvais encore t’en aller de manière suffisamment loin… – ajouta-t-il, un peu plus doucement.
— Vraiment ? « Si tu pouvais t’en aller de manière suffisamment loin ? » – demanda Émilie calmement mais avec une pointe d’amertume.
— Tu as commencé la première à te plaindre et à me menacer ! Ne fais pas maintenant la victime ! – répondit-il. – Ça ne te plaît pas que je prenne soin de mes proches ! Tu ne fais que crier que je délaisse ma famille ! Mais eux aussi font partie de ma famille ! Ce n’est pas ma faute que tu ne comprennes pas ça !
— Et je suis qui pour toi alors ? Une… domestique ? Une femme de ménage aux services sexuels ? Qui ?
— Qui ? Tu es ma femme ! Et je suis ton mari ! Alors, arrête ça tout de suite, sinon notre mariage ne durera pas longtemps ! – il appuya sur la poêle que Émilie tenait toujours, essayant de la faire tomber.
— Mais je ne me sens déjà plus ta femme, Paul ! J’ai l’impression que tu m’as épousée juste pour ne pas prendre l’hypothèque tout seul, et pour avoir une sorte de service complet chez toi pour toi et ta famille envahissante !
— Ne dis pas n’importe quoi, s’il te plaît ! Je t’aime, même si je vois que tu as un problème en ce moment, mais tout de même…
— Et qui est responsable de mes crises de nerfs récentes ? Qui m’a mise dans cet état ? Moi ?
— Tu veux dire que c’est moi ? – il était surpris et légèrement insulté.
— Toi et ta famille, que tu mets toujours au-dessus de moi ! Je veux juste qu’aucun de mes proches ne s’immisce dans notre vie, que nous puissions être une vraie famille ! Que nous ayons enfin des enfants ! Et toi…
— Et moi, tu crois que je ne le veux pas, n’est-ce pas ?!
— Visiblement : non !
— Arrête de raconter des bêtises, Émilie ! Tu te fais du mal à ce sujet, et après, tu blâmes tout le monde : moi et ma famille ! C’est TOI qui agis comme ça !
— Bien sûr… C’est ma faute si tu ne comprends pas que TA famille passe avant tout ! Tous les autres membres… ils sont de la famille, oui, mais ils ne sont plus TA famille !
— Ça c’est sûr, oui ! Ne me parle pas de toutes ces choses, d’accord ?! Ils sont ma famille et resteront ma famille ! Et si cela ne te plait pas, Émilie, dis-moi…
— Dis-moi quoi ?
— Rien !!! – Paul cria à nouveau sur sa femme. – Laisse-moi tranquille, ça suffit !
Sur les nerfs, il quitta la cuisine, laissant Émilie seule.
Émilie voulait le suivre, mais elle savait que cette dispute ne mènerait à rien et pourrait même finir par un divorce. Même si parfois cette idée lui traversait l’esprit. Elle en avait assez de se battre pour l’indépendance de leur famille, de repousser ses proches à lui. Et lui ne faisait que s’emporter contre elle pour cela, car il considérait normal que son épouse soit dérangée presque tous les week-ends pour aller voir ses parents à la campagne, qu’il aide constamment ses frères et même que parfois, il soutienne sa sœur financièrement. Paul était le seul de sa famille à avoir déménagé en ville, tous les autres étaient restés à la campagne. Ses proches le prenaient comme une proie, essayant d’obtenir ce qu’ils pouvaient de lui, et il ne pouvait pas leur refuser et donnait tout ce qu’il avait. Parfois, Émilie avait l’impression que si l’un de ses frères lui demandait de quoi que ce soit, il ne refuserait même pas. Après tout, ils sont une FAMILLE !
Presque un mois s’est écoulé depuis cette dispute, Paul se préparait encore une fois à aller rendre visite à ses parents tôt le matin, pendant qu’Émilie dormait encore. Mais avant qu’il puisse partir, elle se réveilla et lui demanda :
— Et où tu veux aller si tôt ?
— Oh… Je t’ai réveillée, désolé… Je serai de retour bientôt !
— Mais tu n’as pas répondu à ma question ! – dit-elle d’un ton insistant.
— Je… Maman m’a appelé, Émilie ! Je dois y aller d’urgence, je serai de retour pour le déjeuner demain ! – Paul commença à balbutier, mais ensuite sa voix devint plus assurée pour que sa femme ne pense pas qu’il allait changer d’avis sur ce voyage.
— En quoi ça te concerne ? – demanda-t-elle avec irritation. – Nous avions prévu d’aller au concert aujourd’hui ! Nous avons pris nos billets il y a un mois ! Tu deviens vraiment…
— Allez, va avec quelqu’un d’autre ! Ne fais pas d’un petit problème un drame !
— Avec qui ?
— Peu importe qui ! Tu peux prendre l’une de tes amies ! Allez-y, déstressez-vous un peu ! Et pour moi… il y a un urgent besoin à la maison, et je ne peux pas le manquer !
— Quel besoin ?
— Peu importe !
— Quel besoin, bon sang, Paul ?! – la colère d’Émilie grandissait de plus en plus.
— Une amie de Juliette est arrivée ! Elle faisait pratiquement partie de notre famille pendant des années avant de partir à Paris ! Et voilà, elle est revenue, nous avons une soirée en famille ! Maman m’a presque appelé hier soir, quand tu es allée te coucher !
— Ne serait-ce pas celle dont vous parliez tous vos amis ?
— Quoi ? De qui parles-tu ?
— Je parle de cette fille avec qui tu as été pendant presque trois ans et qui t’a finalement quitté ! C’est elle ?!
Paul comprit que sa femme avait déjà tout deviné, et qu’il était inutile de continuer à cacher la vérité.
— Oui ! Oui, c’est elle ! – avoua-t-il en soupirant lourdement.
— Et tu me laisses seule à la maison pour aller la voir ? – demanda Émilie avec précaution.
— Je t’assure, maman m’a appelé ! Nous avons une réunion de famille ! Dîner, tout ça ! Ça s’est vraiment organisé tout seul, Émilie ! Je ne peux pas dire non à maman ! En plus, c’est un événement…
— Donc retourne vite sous la jupe de ta maman, elle te trouvera vite une nouvelle épouse qui fera plaisir à toute ta famille ! Elle l’a déjà trouvée !
— Pourquoi tu commences avec ça ? Personne ne me cherche ou ne me trouve, Émilie ! Tu ne comprends pas ce qu’est une vraie famille et comment chaque membre doit se soutenir !
— Ah, vraiment ? Je ne remarque que personne ne nous soutient, toi ou moi ! Tout le monde essaie juste de nous tirer dessus ! Et maintenant, ils te reprocheront de voir ta vieille amie à la fin !
— Il n’y aura rien de ce genre, ne fantasme pas ! – s’énerva Paul. – Et je ne vois rien de mal à retrouver une vieille connaissance qui…
— Une vieille connaissance ?! – Émilie s’indigna à cette description. – C’est ton ex, qui te suppliait et avait des sentiments pour toi même quand tu sortais avec moi ! Une « vieille connaissance » ! Et moi, je suis juste une passante, n’est-ce pas ?
— Eh bien, si je suis ton mari, pourquoi je ne suis pas invité à ce « dîner familial », et ton ex y sera ?
— Parce qu’elle est appréciée de tous là-bas, alors que toi, tu agaces tout le monde, tout comme moi en ce moment !!! – Paul crie en retour, car il en avait marre de ses interrogations.
— C’est ainsi ? – demanda-t-elle doucement. – Eh bien… Vas-y alors…
— Quoi ? Ça comme ça ? Et pourquoi m’as-tu alors complété l’esprit ? – il ne comprit pas cette soudaine compréhension de sa femme.
— Parce que tout est enfin clair, Paul ! – soupira Émilie. – Vas-y vers ta vraie famille, vers ta tendre amie qui te tient visiblement plus à cœur que moi ! Vas-y, je ne vais plus t’interrompre, provoquer des disputes ou des crises ! Je n’en peux plus de ça !
— Quoi ? – demanda Paul, effrayé.
— Oui, tu as bien entendu ! Prépare-toi, ne te disperse pas, il va falloir briller devant la parigotte ! Sinon elle ne voudra plus de toi et risque de te quitter pour Paris ! Que fera alors ta famille ? Vers qui iront-ils ?
— Essaie seulement de demander le divorce ! – Paul se mit à s’emporter instantanément. – Je te…
— Et que comptes-tu faire ? Tu vas te venger ? Avec plaisir ! Ta famille va me haïr ? Ça a déjà commencé !
— Je vais te broyer, Émilie ! Alors…
— Va donc broyer celle que tu es en train de rejoindre ! Et je n’ai plus rien à voir avec toi ! C’est fini !
À peine avait-elle terminé cette phrase, Paul saisit Émilie par le cou et la poussa contre le lit. Elle ne pouvait ni crier, ni dire quoi que ce soit, elle étouffait pratiquement.
— Je t’ai dit : essaie seulement de demander le divorce ! Je ne suis pas prêt à partager cet appartement ou à prendre d’autres hypothèques ! Alors soit tu te tais et tu vas à ton concert ce soir, soit je t’étouffe ici-même, et quand je rentrerai, je dirai que je n’étais pas là, et quand je suis revenu, j’ai trouvé ton corps ! Compris ?
Mais Émilie ne pouvait rien répondre, malgré tous ses efforts. Juste au moment où ça sonnait, Paul relâcha sa prise pour répondre à son téléphone, et elle profita de cette occasion pour attraper un vase sur la table de nuit et lui frapper la tête.
Le coup le fit tomber dans les pommes, et Émilie appela directement la police, expliquant que son mari l’avait étranglée et qu’elle l’avait frappé. Les agents arrivèrent étonnamment vite, car ils pensaient que sa femme avait tué son mari. Mais il s’est avéré qu’elle l’avait simplement « éteint ».
Lorsque la sonnette retentit, Paul se réveilla, mais il ne savait pas que c’était la police, et il se jeta sur Émilie qui venait tout juste d’ouvrir la porte. Et là, il a été capturé. Il ne put pas lui infliger d’autres dommages, mais il a bien tenté de se débattre contre les policiers, et même d’attaquer, donc il n’ira pas à un dîner familial cette fois-ci ; il a un autre rendez-vous…
Et Émilie, ayant profité du fait que Paul soit emmené au poste de police pour quelques heures, eut le temps de se rendre à l’hôpital pour photographier ses blessures, de rédiger une attestation contre son mari et de demander le divorce avec répartition des biens.
Elle rassembla aussi toutes ses affaires à la maison et prévint une amie pour rester chez elle quelques temps. Cette dernière partait de toute façon en vacances avec son mari et ses enfants, donc elle ne la dérangerait pas et pourrait en plus garder un œil sur l’appartement. Elle devait encore s’occuper du chat et du chien, donc cela serait plus simple comme ça.
À l’arrivée de son amie, elle était déjà officiellement divorcée, même si la répartition des biens n’était pas encore totalement faite. Émilie loua un appartement et y déménagea ses affaires. Pendant ce temps, Paul était fou de rage que sa femme ait fait tout ce qu’il craignait, et il avait aussi raté son rendez-vous tant désiré avec l’amour de sa vie sans même l’apercevoir.
Après le partage des biens, Paul partit à Paris chez la copine de sa sœur, mais il se rendit vite compte qu’il n’intéressait personne là-bas et que la fille avait une relation sérieuse qui menaçait déjà de devenir un mariage. Au final, il ne fut même pas invité à dormir chez elle, car le compagnon de cette fille avait dit un fermeté : NON !
Et voilà Paul, sans un ami dans cette immense ville inconnue, sans même un sou pour le retour, car il avait dépensé sa moitié de l’argent de la vente de l’appartement en cadeaux pour son amour, tout ayant été offert et maintenant il se retrouvait dans une impasse. Quant à sa famille, elle ne voulait pas l’aider, car elle non plus n’avait pas d’argent pour lui envoyer un billet de retour.
